01 janvier 2016

Retour sur 2015 et bonne année 2016

L'année 2016 est une année bissextile commençant un vendredi
Après un début de quinquennat consacré principalement à des réformes sociétales, après les départs en 2014 de Claude Sérillon et Aquilino Morelle, respectivement conseiller à la présidence et responsable de la communication élyséenne, les nouveaux communicants de François Hollande, emmenés par  Gaspard Gantzer, se sont lancés en 2015 dans une communication politique tous azimuts.

Le chef de l'État a multiplié les apparitions médiatiques et les déclarations dans la presse en surfant sur des événements tragiques comme les attentats contre Charlie hebdo ou ceux plus récents du Bataclan et des terrasses de café à Paris mais cela ne saurait faire oublier l’absence de vraies réformes économiques et sociales depuis 2012...



Le chef de guerre

Après les attentats de Paris du mois de novembre dernier, François Hollande s’est drapé à nouveau dans le costume de chef de guerre en allant bombarder l'Etat islamique en Syrie. Un calcul de court terme pour améliorer une côte de popularité au plus mal mais le Président de la République a oublié un peu vite que la France n’a pas les moyens d’intervenir dans des guerres et des conflits religieux qui ne nous regardent pas, entre chiites, sunnites et autres wahhabites au sein de l'islam.

Comble du ridicule en cette fin d’année 2015, la France a manqué de bombes à guidage laser pour continuer à bombarder l’EI. Les stocks sont vides et du coup, le ministre des armées, Jean-Yves Le Drian, a passé une commande in extrémis aux Etats-Unis… sans compter que le seul porte-avions de la France, le Charles de Gaulle, ne peut rester en opération guère plus de 5 mois ! 


Le flop de la COP 2015

A l'heure où le climat de la planète est en train de changer, on attendait de la COP 21 qu’elle prenne des décisions courageuses et visionnaires. Mais à l’État d’urgence climatique, l’accord de Paris a opposé un bricolage constitué de la somme des égoïsmes nationaux, aussi bien en matière de financements que d’objectifs de réduction des émissions. 

L’impuissance des gouvernements à s’attaquer aux causes réelles des dérèglements climatiques n’a finalement rien d’étonnant car l’avidité des multinationales, les énergies fossiles et l’obsession de la croissance sont considérées comme des données intouchables. Mais François Hollande et Laurent Fabius ont préféré maquiller en victoire l’échec de la COP 21 ! 

Le discours fantaisiste et fatigant sur les chiffres du chômage

Après avoir évoqué imprudemment la baisse du nombre de chômeurs à la fin de l’année 2013, François Hollande et les ministres successifs du Travail se contorsionnent régulièrement en évoquant tantôt un ralentissement de la hausse, tantôt une stabilité de la hausse pour finir sur une diminution de la hausse, le tout en parlant toujours du nombre de chômeurs en catégorie A et en ignorant les vrais chiffres du chômage incluant toutes les catégories A, B, C, D, E, soit 6 447 000 chômeurs à la fin du 3ème trimestre 2015 (+ 5,3% sur 1 an)...

Et pour couronner le tout, la nouvelle ministre du Travail, Myriam El Khomri,  invitée début novembre 2015 par Jean-Jacques Bourdin sur BFMTV et RMC, s'est empêtrée les pinceaux sur la question du nombre de renouvellements possibles d'un CDD, avant d'avouer qu'elle ignorait la réponse...

Les réformes essentielles aux oubliettes

- Celle du mode de scrutin car le parlement ne reflète pas, loin s'en faut, les diverses sensibilités politiques du pays. En l'absence d'élections à la proportionnelle, les députés sont élus au scrutin majoritaire dans le cadre de circonscriptions électorales découpées le plus souvent de façon fantaisiste et les sénateurs par un collège composé de 150 000 grands électeurs qui ne représente que 0,25 % de la population (députés, conseillers municipaux, départementaux, régionaux) ! 

Il serait donc primordial de mettre en place un autre mode de scrutin avec au minimum 50 % de sièges acquis à la proportionnelle comme c’est le cas dans une écrasante majorité de pays européens. Mais François Hollande, comme hier Nicolas Sarkozy, préfèrent la situation actuelle et laissent dangereusement les électeurs du Front National, de Debout la France, du Modem ou de l’extrême gauche pratiquement sans aucune représentation parlementaire…

- Celle de la fiscalité des revenus avec notamment un retour à une réelle progressivité de l‘IRPP et une réduction drastique des niches fiscales. C’est notamment à cause des 453 niches fiscales existantes que les impôts progressifs sont aujourd’hui ultra-minoritaires dans le paysage fiscal. Elles sont évaluées à plus de 82 milliards d’euros en 2015 ! Une somme colossale et une aberration économique puisque cette somme est supérieure au produit même de l'IRPP (75 milliards d'euros en 2015). Ces niches permettent surtout à une minorité de personnes de réduire fortement leur imposition tout en se constituant un patrimoine important pendant que les couches modestes et moyennes crachent au bassinet...   

- Celle de la fiscalité locale qui varie d’un montant de 1 à 4 suivant les départements et dont les bases sont totalement archaïques car elles datent de 1961 (taxe foncière) et de 1970 (taxe d’habitation). Le montant à payer pour les contribuables ne dépend pratiquement pas du revenu fiscal déclaré, sauf pour les personnes qui ont des difficultés sociales graves et qui bénéficient d’exonérations partielles ou totales. Ainsi, comme le souligne la cour des comptes, " les ménages modestes ou moyens subissent proportionnellement un prélèvement plus lourd que les ménages les plus aisés "...

- Celle du mode de financement de la Sécurité sociale. Alors que l’on sait pertinemment que le financement des différents régimes de Sécurité sociale,  basé essentiellement sur des cotisations salariales, est la principale cause des déficits, on préfère dérembourser régulièrement le prix des médicaments, multiplier les forfaits à la charge des assurés sociaux ou rallonger l’âge de départ en retraite plutôt que d’instituer un autre financement basé sur les revenus réels tels que déclarés à l’administration fiscale !

- Le combat contre la fraude fiscale qui par son ampleur et ses caractéristiques (au minimum entre 60 et 80 milliards € par an, selon le Syndicat national unifié des impôts), réduit aussi fortement les rentrées fiscales et accentue les inégalités, sans parler de l'optimisation fiscale qui fait le bonheur des avocats d'affaires. L’administration fiscale a perdu 25 000 emplois depuis 2002 sur l'ensemble de ses missions. Suite à l’affaire Cahuzac, il a bien été procédé à un renforcement de 50 agents à la DGFIP (Direction Générale des Finances Publiques) mais un signal fort aurait dû être donné par la création de plusieurs milliers de postes...

- Le  combat enfin pour une autre Europe au service des peuples. Avec la mondialisation et une France qui reste sans protection tarifaire, contrairement à la plupart des pays du monde, les entreprises françaises continuent à péricliter ou s’exilent dans des pays tiers où la main d’œuvre est peu onéreuse. Les dirigeants européens ont choisi l'ancien Premier ministre luxembourgeois, Jean-Claude Juncker, pour être le nouveau président de la Commission européenne et François Hollande n'a pas osé mettre son véto ! Pourtant, le Luxembourg est un paradis fiscal au sein même de l’Europe. Jean-Claude Juncker a été personnellement mis en cause dans l'affaire Luxleaks qui révèle de manière détaillée l'organisation de l'exil fiscal de plus de 1000 entreprises avec l'approbation de l'administration luxembourgeoise des impôts...

Heureusement, la force de la République réside d'abord sur la capacité de réaction de ses citoyens plutôt que dans les mises en scène gouvernementales ou journalistiques.

En 2015, on se souviendra surtout de la lutte des Fralib (Gémenos, près de Marseille) et des Pilpa (Carcassonne) contre la fermeture de leur unité de production. Ces deux luttes sociales ont  débouché sur la constitution de deux nouvelles SCOP : La Fabrique du Sud et Scop TI.

Au moment où tout le monde s’interroge sur la portée des décisions de la COP 21 sur le réchauffement climatique, ces deux entreprises ont délibérément choisi de privilégier des composants naturels et locaux dans leurs produits. C’est plus que jamais le moment de penser à eux et de les soutenir notamment par nos achats dans les supermarchés.

Redonner des perspectives d’action crédibles à l’ensemble du monde du travail pour faire face à la crise sociale, écologique et démocratique, voilà ce que l’on peut souhaiter de mieux pour l’année qui s’annonce…



A tous ceux qui se battent, à tous ceux qui souffrent, à tous ceux qui espèrent une autre vie, meilleurs vœux pour 2016.

Que cette nouvelle année vous apporte bonheur, santé, succès personnel et professionnel.




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