06 décembre 2017

Marchés aux esclaves en Libye : le monde et la France savaient depuis longtemps…

L'esclavage est la condition d'un individu sans liberté
Il aura fallu le choc des images montrant une vente d’esclaves en Libye pour que les pouvoirs politiques et les grands médias manifestent bruyamment leur indignation. 

Or cette situation était connue depuis longtemps et Emmanuel Macron, qui dénonce un crime contre l’humanité, prend le risque que la France se retrouve sur le banc des accusés... 


Le reportage de la journaliste Nima Elbagir, le 14 novembre 2017 sur CNN, montrant des réfugiés africains vendus comme esclaves en Libye, a déclenché une énorme vague d’indignation dans le monde. Pourtant, la situation avait déjà été dénoncée à plusieurs reprises.

Les organisations humanitaires tiraient la sonnette d'alarme depuis plusieurs mois face au silence des responsables politiques et dénonçaient une hypocrisie. " À part le citoyen lambda, tout le monde savait, les gouvernants, les organisations internationales, les leaders politiques ", assène le Sénégalais Hamidou Anne, analyste du Think tank " L'Afrique des idées ".  

" Les prises d'otages, les violences, la torture, les viols, sont monnaie courante en Libye, et l'esclavage, on en parle depuis longtemps ", renchérit Alioune Tine, directeur Afrique de l'ouest et du centre d'Amnesty international basé à Dakar.

Le 27 juin 2012, un reportage sur la Libye, de Daniel Mermet, Giv Anquetil et Patrick Haimzadeh, était diffusé pour la première fois sur France Inter. À l’époque, cette émission de radio n’avait guère ému les grands médias ni le monde politique.

Le 11 avril 2017, un rapport de l’Organisation Internationale pour la Migration (OIM) dénonçait des captures de migrants vendus comme esclaves pour 200 à 300 dollars pour des travaux forcés dans l’agriculture ou la construction, les femmes migrantes étant souvent soumises au viol ou à la prostitution forcée.

Aujourd’hui, Emmanuel Macron qui dénonce un crime contre l’humanité risque de voir la France sur le banc des accusés au moins pour deux raisons :
  • d’une part, le chaos où a sombré la Libye suite à l’intervention française menée par Nicolas Sarkozy (soutenu par le philosophe Bernard-Henri Lévy) en 2011. Un viol de la souveraineté d'un pays, outrepassant le mandat onusien accordé sous prétexte « d'intervention humanitaire » qui aboutira à l'assassinat sauvage de Kadhafi, de milliers de Libyens et d'autres Africains. Ce pays était l'un des plus prospères sur le continent africain et accueillait un grand nombre de migrants d'Afrique et même de l'UE. 
  • d’autre part, la politique européenne qui fait de l’Afrique du Nord le garde-chiourme de l’Afrique et finance la Libye pour empêcher coûte que coûte les migrants de gagner l’Europe. 
Aujourd'hui, on estime à 40 000 le nombre de migrants retenus en Libye dans des conditions inhumaines. Quelque 3 800 migrants africains vendus comme esclaves en Libye doivent être « rapatriés d’urgence », a annoncé le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, soulignant que le chiffre global de migrants en Libye se situait « entre 400 000 et 700 000 »...



> Le reportage en Libye du 27 juin 2012 sur France Inter : Burashada, les forçats du Sahara : ICI


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