30 août 2017

Chômeurs visibles et invisibles : la barre des 11 millions de demandeurs d'emploi dépassée !

On n'est pas chômeur de gaïté de coeur
Les chiffres des  demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi au 31 juillet 2017 font apparaître une nouvelle augmentation globale du chômage.

Comme c'était déjà le cas sous le quinquennat de François Hollande, Emmanuel Macron et ses différents ministres évoquent des résultats plutôt encourageants mais ne parlent pratiquement jamais ni du nombre de chômeurs toutes catégories confondues ni des personnes exclues des statistiques officielles… 
 


Selon le dernier rapport complet de la Direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques*, on constate pour le mois de juillet 2017 une nouvelle augmentation du nombre de chômeurs, toutes catégories confondues : 

: 3 518 100 (+ 0,1 % sur 1 an), demandeurs d'emploi sans emploi 

B : 748 300 (+ 2,9 % sur 1 an), demandeurs d'emploi ayant exercé une activité réduite courte (moins de 78 heures au cours du mois)

: 1 355 000 (+ 11,8 % sur 1 an), demandeurs d'emploi ayant exercé une activité réduite longue (plus de 78 heures au cours du mois) 

D : 283 800 (- 6,7 % sur 1 an), demandeurs d'emploi en stage, formation, maladie, etc.

E : 422 700 (- 2 % sur 1 an), demandeurs d'emploi bénéficiaires de contrats aidés, etc.

A+B+C+D+E = 6 327 900, soit + 2,2 % sur 1 an

Si l’on tient compte des DOM-TOM (337 400 chômeurs), ce sont 6 665 300 chômeurs au total et ce nonobstant la politique de radiation des listes de demandeurs d’emplois appliquée avec acharnement par le gouvernement (323 200 personnes radiés des listes au mois de juillet). 
Mais il faut encore ajouter à ces statistiques officielles les chiffres du chômage invisible dont le gouvernement ne parle jamais. Ne sont pas comptés en effet dans ces 6 665 300 demandeurs d'emploi et travailleurs pauvres occasionnels :
- 1 000 000 de foyers bénéficiaires du RSA car sur 1 820 000 environ de foyers (dernier chiffre connu), seuls 820 000 environ sont inscrits à Pôle Emploi, les autres bénéficient d'autres suivis (associations, collectivités locales, etc.)
- 1 200 000 de foyers bénéficiaires de la prime d'activité qui remplace le RSA activité
- 1 100 000 au bas mot, sur environ 2 000 000 de bénéficiaires de l'allocation adulte handicapé (AAH) ou d'une pension d'invalidité, qui ne sont pas inscrits à Pôle emploi, malgré une aptitude et un désir d'accès à un emploi adapté.
- 1 500 000 de sans-droits qui sont principalement : 
  • des jeunes de moins de 25 ans, primo demandeurs d'emploi, qui n'ont même pas droit au RSA (situation quasi unique en Europe) 
  • des sans droits pour dépassement des plafonds de ressources dans le foyer  
  • des bénéficiaires de pensions de reversions (veufs, veuves) de 55 ans et plus, qui dépassent les plafonds du RSA (473,50 € pour une personne seule), et qui n'ont pas l'âge pour prendre leur propre retraite ou pour percevoir le minimum vieillesse 
  • des bénéficiaires de pensions alimentaires qui dépassent les plafonds du RSA (plafonds 2 fois inférieurs aux seuils de pauvreté…)  
  • des étudiants, boursiers ou non, qui cherchent des petits jobs alimentaires  
  • des auto entrepreneurs qui ne gagnent rien ou presque et qui sont demandeurs d'emploi en parallèle  
  • des retraités qui cherchent un emploi car le montant de leur retraite ne couvre pas les charges fixes pour survivre : loyer, gaz, électricité, assurances, voiture, téléphone, eau, nourriture, santé (lunettes, dentiste, etc.) 
En ajoutant les 6 665 300 chômeurs toutes catégories confondues + les 4 800 000 environ de chômeurs invisibles qui n'entrent pas ou plus dans les statistiques, on arrive donc à un nouveau total de 11 465 300 demandeurs d'emploi et travailleurs pauvres occasionnels !
Devant ces chiffres catastrophiques, il est urgent de changer de politique économique pour aller vers un renforcement des services publics, un soutien à l’investissement public, une relance économique par la demande, une hausse des salaires et pensions afin de favoriser la consommation intérieure. 
Et il est indécent, comme l’a fait récemment l’ancien président de la République, François Hollande, de parler du bilan de son quinquennat et des indicateurs économiques qui commenceraient à « porter ses fruits » en matière d’emploi.
Trouver une solution durable suppose aussi de dresser le bilan de la construction européenne. Il convient notamment de mettre fin au scandale des 500 000 salariés détachés qui sont en fait des travailleurs low-cost qui perturbent le marché du travail en France et dont les entreprises payent les charges sociales dans leur pays d’origine. 
Et ce ne sont pas non plus les futures ordonnances d’Emmanuel Macron pour " simplifier " le code du travail, la durée du travail, les droits des salariés, la qualification des métiers qui permettront aux demandeurs d’emploi de sortir du chômage et de la précarité en retrouvant un emploi de qualité...  

* Sources : Rapport complet de la DARES 


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